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CHAPITRE 15

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CHAPITRE 15. Juillet, l'année précédente (début du premier acte) L'histoire revient tel un boomerang, en AR. C'est un jour comme un autre, à Saint Paul, je termine une partie de la façade. Comme toujours ceci se poursuit par le nettoyage des truelles, le balayage du chantier et le rangement des sacs et de divers outils. On referme les portes avant une nouvelle session. Avant de rejoindre ma voiture j'ouvre ma boite aux lettres et découvre justement à l'intérieur un courrier. Pas de timbre. Je suis intrigué. Peut-être un voisin mécontent... L'enveloppe n'a pas été refermée. C'est peut-être ma mère. Angélique aurait fait office de postière. Je sais qu'elle l'a déjà faite. Au moins une fois. J'hésite, voisin ou mère ? J'ouvre. « Le doute est un hommage rendu à l'espoir. » Je déplie la lettre pliée en quatre. Lautréamont. C'est ma sœur ! Elle m'apprend que la mère est en maiso...

CHAPITRE 14

CHAPITRE 14 Dimanche 15 avril ( deuxième acte, la suite) Une histoire de deuil, confirmation dominicale. « Courir après le temps, c'est papillonner pour saisir l'indicible. » Je me suis réveillé à six heures. Kheira Chakor. Je n'ai même pas la gueule de bois, enfin je crois. J'ai réfléchi durant toute la soirée d'hier, peut-être aussi cette nuit : Soit je contacte Joëlle ou Angélique – le numéro est sur le compte rendu du jugement – soit j'écris à Alain car je ne possède plus son numéro et sur ce fameux compte rendu il n'y a pas de téléphone, juste son adresse. Les deux solutions ne me plaisent guère mais il le faut pourtant. En effet, je n'ai pas d'autres solutions depuis la perte de mon téléphone, avec lui est parti aussi tous mes contacts. Je ne sais trop quoi faire alors comme souvent je reporte. Je m'habille. Je vais traîner ma mélancolie aux marchés aux puces. Et il n'y a pas que ma nostalg...

CHAPITRE 13

CHAPITRE XIII Parce que c'était moi... Où le narrateur se souvient. « Le Je que nous sommes, le Nous que je suis. » Hegel Enfant, je n'ai pas oublié mes premiers pas sur une scène. C'était en colonie, j'étais si jeune, chez les petits. On m'avait trouvé un joli brin de voix alors on m'avait fait pousser la chansonnette pendant le spectacle de fin. Il est des images qui marquent. J'étais seul sur scène. Je chantais et pourtant je cherchais des yeux ceux de ma mère. Sigmund était là, seul, à mes côtés « Nous ne sommes jamais aussi mal protégés contre la souffrance que lorsque nous aimons » J'ai cherché sans jamais trouver. J'ai fait toute l'assistance mais elle n'était pas là. Elle m'a dit, après, qu'elle n'avait pas voulu me déstabiliser pourtant malgré mon jeune âge je lui en ai voulu. C'est pour elle que je chantais en réalité. Et puis c'était tellement rare qu'elle vie...

CHAPITRE 12

CHAPITRE XII. Cinq ans plus tôt. Quand la mère casse l'histoire comme on casse un jouet. Depuis plus de dix ans je m'occupe de ma mère. En fait j'ai pris la place de mon frère. Depuis l'annonce du mariage de mon frère, je suis aux anges ! J'ai parfois l'effet d'être un peu seul à penser ceci, la mère semble anéantie. La mère en a profité pour déménager et se rendre dans une autre ville, à la périphérie de la nôtre, une vingtaine de kilomètres. Elle rejoint ainsi le clan Jusseron. En effet, hormis David qui a fait construire ils sont tous là, dans ce même quartier. Joëlle et son nouveau mari, Angélique et Teddy. La mère s'installe ainsi dans la tour principale avec un ascenseur devenu obligatoire. C'est Angélique qui s'est occupée de tout. Avec Alain on s'est occupé du déménagement. A partir de midi la famille Jusseron est arrivée. La mère avait prévu un repas alors on s'est tous assis. C'était la première fois...

CHAPITRE 11

CHAPITRE 11 Samedi 14 avril, 16 h 45. ( Deuxième acte, la suite) Une histoire de deuil, suite. Quand j'arrive devant le cimetière je pense à Albert Camus. J'ai lu plusieurs fois « L'étranger » et j'ai toujours aimé non seulement l'ouvrage mais également la phrase d'accroche « Aujourd'hui maman est morte ou peut-être hier je ne sais plus ». En quelques mots le ton est donné. Moi, je n'ai aucune date au sujet de la mort de ma mère. C'est très étrange. J'en veux quand même à cette famille. C'est fou que personne ne m'ait prévenu. Joëlle et Angélique ont bien su le faire quand elles l'ont jugé opportun, avant le tribunal. Certes, pendant l'attente de ce même tribunal, ce trois octobre dernier, j'avais dit à toutes deux « Pour un quelconque enterrement pas la peine de me contacter ». Elles avaient répondu, presque en chœur, « De toute façon tu n'as pas de numéro de téléphone pour te joindre ». ...

CHAPITRE 10

CHAPITRE X Parce que c'était lui... A la recherche d'un frère. « L'on hait avec excès lors que l'on hait son frère. » Jean Racine. Quand je pense à mon frère j'ai la sensation de ne rien voir venir. De notre enfance je n'ai quasiment aucun souvenir. Une vieille photo, alors que je devais avoir quatre ou cinq ans, à la sortie de l'église avec Joëlle et Alain. Je suis au centre, on se tient par la main. C'est la seule photo où l'on se tient ainsi ! Toujours le dimanche, plus tard, et toujours près de l'église, une balançoire. C'était une balançoire près d'un parc privé. Enfin plus précisément une copropriété cossue avec un écriteau sur lequel on pouvait lire « Les jeux sont réservés aux résidents. Propriété privée ». J'avais un peu « poussé » mon frère à en profiter mais deux minutes plus tard un homme à la fenêtre avait alors déclaré « Allez ouste... Vous n'avez pas le droit d'être là. La balançoire e...

CHAPITRE 9

CHAPITRE 9 ________________________________________________________________________________ ( vide ) ________________________________________________________________________________ Il était une fois... Quelque part sur le continent océanique. « C'est qui le chef ? » Un homme et une femme avaient un fils. La pauvreté était leur quotidien et pourtant rien ne le laissait paraître sauf quand l'heure du repas arrivait. En effet, bien souvent l'écuelle ne recueillait qu'un pauvre potage avec perdu en son fond quelques légumes, des patates surtout. Ils aimaient passionnément leur enfant et qu'importe s'ils n'avaient pas de coquillages. En vérité, sur cette île, celui qui avait des coquillages possédait TOUT. Un jour, le garçon attiré par une bonne odeur vit des hommes en train de se restaurer. Il n'avait jamais senti une telle odeur, son estomac criait famine. Il ne put s'empêcher de les rejoindre. « Qui e...

CHAPITRE 8

CHAPITRE VIII. 10 – 30 ans plus tôt. « Les mots vous lâchent, il est des moments où même eux vous lâchent » Samuel Beckett. Ma sœur l'avait dit depuis toujours, elle l'a fait. Le jour de sa majorité elle est partie. Toutes ses affaires devaient tenir dans un sac. Alain lui a emboîté le pas. A peine sorti de son institut le voici, après son service national, dans le monde du travail. Il est là, pas loin, à quelques dizaines de mètres des parents, dans son deux pièces. Alain n'a pas vingt ans et personne ne se pose la question : Pourquoi doit-il porter un dentier ? Joëlle et Alain ont un point en commun, malgré tout ce qu'ils ont déjà vécu, ils semblent toujours heureux. J'aurais aimé être comme eux mais je reste seul dans cette maison sans aucun amour.. Tout semble s' empirer. Je ne peux même pas en sourire, j'ai les dents dans un tel état. Régulièrement j'ai des rages de dents carabinées et bien sûr jamais ...