CHAPITRE 42

CHAPITRE 42. Fin Mai. Visite de l'architecte et de la jeune fille de l'office. Jeudi, à l'heure dite, soit dix heures trente, on sonne. C'est la jeune femme des HLM en compagnie de l'architecte. Je leur dis que ma mère vient de mourir d'où le désordre. Ils me répondent que ce n'est pas un problème, ils sont là pour la réhabilitation. La jeune femme, elle s'est présentée mais je n'ai pas mémorisé son nom, m'annonce qu'elle a bien pris en considération mes propos lors de notre entretien téléphonique, à savoir un plan des travaux avec des dates précises pour l'intervention de chaque entreprise et justement ils sont là pour en parler. C'est la jeune femme qui prend surtout la parole. « Tout d'abord dans la cuisine on va changer l'arrivée de gaz et enlever le chauffe-eau. Ensuite on refera la peinture sur le mur concerné. Les fenêtres seront tout changées, tout doit être réalisé dans la journée. Dans les WC, les cuvettes seront changées et un nouveau système d'évacuation d'air va être créé. Dans la salle de bain, on enlève le radiateur et à la place on met un sèche serviettes et pour accéder à la douche on prévoit une marche en plus. L'électricité sera refaite entièrement ». Sur le balcon c'est le bouquet. Ils viennent de casser le vide-ordure, pourtant s'y pratique, les débris sont encore présents et elle m'annonce que c'est là que l'ascenseur prendra place. Ça va être le bordel ! De plus pour pouvoir mettre « l’isolant nouvelle génération : Top 31 » ils vont réduire d'autant la surface du balcon. J'ai calculé, ils feront dix centimètres de moins. Non, quatorze ! C'est vrai que j'apprends beaucoup de choses. Par exemple que les travaux vont continuer jusqu'en juillet puis seront repris dès septembre. Le programme des différents travaux, la durée, les dates. Tout sera établi le plus tôt possible et chacun recevra d'ailleurs un courrier. Cela se passe dans une ambiance sympathique. Je ne leur cache pas que pour ma part j'étais contre cette réhabilitation. Je leur signale que pour moi, ce style Le Corbusier, me va très bien dans l'état mais je respecte le choix de la majorité. J'avoue que je regrette la disparition du vide-ordure ainsi que le radiateur de la salle de bain. Un radiateur très discret mais qui chauffait merveilleusement. J'ai bien conscience que certains, la vieille dame du troisième par exemple, en ont une réelle utilité. Je pense notamment à l'ascenseur ou au chauffage des appartements l'hiver venu. Mais cet ascenseur risque de nous causer d'autres gênes ? Dans ce style très inspiré par Le Corbusier, c'est bien sûr béton et lumière. Il est vrai que si l'entrée de l'allée n'est pas des plus lumineuses, ce n'est pas la meilleure des réalisations, dès que vous grimpez les escaliers, pendant la journée, de grandes baies vitrées inondent de lumière cette cage. Cette luminosité me paraît très importante, avec l'ascenseur plus de lumière. Nous monterons sous la lumière artificielle, ampoules ou néons en tout genre. Je regrette déjà....  « Alea jacta est. Acta fabula est ». Le sort en est jeté comme le présentait César et la pièce est jouée comme on avait l'habitude de le dire en fin de représentation ou encore Auguste, parait-il, sur son lit de mort. ----------------------------------------------------------------- Vu à la télévision, à l'heure on l'on hésite a situé l'action entre très tard dans la nuit et très tôt le matin. C'est l'histoire d'Héléna, une « ancienne » actrice. Nous sommes sensiblement de la même génération. Chaque fois que je la croisais dans des films ou lors d'interviews je ne pouvais m'empêcher de penser « Oui, ce style de jeune fille née avec une cuillère en or ». Et en plus un corps parfait. Bref, tout pour elle, quoi ! Son père, comédien et acteur, tournait dans de nombreux films et autres pièces de théâtre. Il avait le statut de grand acteur, l'argent rentrait à la pelle. Sa mère, elle aussi comédienne et actrice, partageait cette vie soi-disant de bohème. Bref, ici pas de problème d'argent et même aucun problème à l'horizon. L'argent coulait à flot. Il y en avait presque trop ! Une jeunesse de rêve pour la jeune Héléna. Loin de tous tracas. La belle vie quoi ! Encore adolescence elle joua avec son père, puis sa mère et un peu toute seule. Elle quittait l'adolescence avec un vrai métier en main et trouvait en même temps l'amour avec un jeune homme plein d'avenir. Le couple, à l'image des parents d'Héléna, vivait dans l'opulence. Des voyages à travers le monde, des fêtes totalement folles, une maison immense sur les hauteurs de Saint-Tropez... , , , , , Et puis ça a fait crac ! z + z = ( x + iy ) + ( x + iy ) = ( x + x ) + i ( y + y ) Un divorce plus loin, Héléna continua de vivre comme toujours elle avait vécu. Aucun changement dans son train de vie, où l'on retrouve le petit train de la vie. Se rendait-elle compte que si les fêtes étaient aussi nombreuses qu'autrefois, c'est souvent elle qui en payait l'addition ? Elle n'a pas su gérer...Très vite elle a perdu pied. L'alcool déjà très présent devenait quotidien « Au réveil je buvais un grand verre de rhum avant de démarrer ma journée » Et la journée continuait sur le même rythme. « L'enfer c'est les autres, sauf que sans La jeune fille a perdu de sa superbe. Puis le père est mort. les autres t'es encore plus mal. » Lomepal, rappeur. Aujourd'hui, on la retrouvait là, trois cures de désintoxication plus tard. La mère venait de mourir à son tour. Elle avait hérité d'un appartement. Par contre de l'argent il n'en fut pas question. Un appartement d'une centaine de mètres carrés c'est déjà plutôt pas mal, non ? Et qui plus est situé en plein Paris ! Elle était là, dans son cocon. Surchargée de livres, de bibelots divers et variés... Bref c'est ce qu'elle appelait « son refuge » Son corps était resté superbe, j'aurais aimé dire la même chose du visage. Une amie l'aidait dans son quotidien. Elle était là pour les papiers administratifs, pour les sorties mais aussi pour l'aider à faire ses courses et l'amie d'ajouter « Tu le sais Héléna, tu peux prendre tout ce qui te fait plaisir ». Héléna semblait heureuse de choisir son jus d'orange ou encore une salade. Terminé l'alcool, terminé les fêtes, terminé les amis d'un temps. Aujourd'hui elle doit vivre avec le RSA. Bienvenue au club ! J'ai été très ému de la voir ainsi envahir, sans prévenir, la télévision. C'est vrai je l'avais oubliée. Totalement oubliée. C'est souvent le cas avec des gens célèbres, ou presque, que ce soit dans le monde des animateurs télé, des chanteurs ou autres acteurs. Un jour vous les revoyez, après des années passées, essayant de revenir sur scène mais souvent c'est sur la scène de la vie qu'ils essayent de rebondir alors vous vous dites « C'est vrai qu'il y a longtemps qu'on ne l'avait pas vu... ». Depuis trois ans elle travaille...Sur son autobiographie. Un livre pour retrouver la tête d'affiche. Elle espère tellement. Le livre vient juste de sortir. Va-t-elle s'en sortir ? Je n'ai pas pu m'empêcher de penser « Mais qui va être intéressé par une fille à papa, ancienne actrice et qui va venir nous raconter sa vie, sa descente aux enfers ». Elle espérait tellement. Parfois, à son amie elle racontait « J'espère que le livre va marcher. Je voudrais tellement t'emmener en vacances ». Est-elle partie ? Dans ses propos je percevais comme un manque de représentation « Vous savez, mon rôle est dans le désir de l'autre et les autres ne me désirent plus ». J'ai eu de la peine. Pourvu que cela marche ! « Nous percevons chez les autres, déclarait Carl Gustav Jung, les mille facettes de nous-mêmes ». Alors vous vous dites « Il y a longtemps que... » Comme perdu de vue. Oui, elle aussi, je crois. « Écrire c'est ébranler le sens du monde, y déposer une interrogation indirecte... ...à laquelle l'écrivain s'abstient de répondre. » Roland Barthes.

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