CHAPITRE 39

CHAPITRE 39. Samedi 26 mai. On trie les papiers ce dimanche. Après une semaine de repos j'ai récupéré ma voiture pleine de graviers. Ce samedi, je bats des records. J'arrive à Saint Paul, il est huit heures trente. La météo est très incertaine suivant les différents sites. En réalité tout paraît possible. Après mon passage à la boulangerie, je me mets directement au travail. Je sors les sacs de graviers, ils ont été conditionnés par sac de vingt-cinq kilos, et les dispose à certains endroits. Après j'étale le tout avec l'aide d'un râteau et je tasse, et je tasse. Ça rend plutôt pas mal ! Par contre ça m'a pris plus de temps que la première fois, environ une heure. Pendant ce temps il ne pleut pas vraiment, plutôt un crachin. Bref, il ne fait pas beau. Je décide de faire une pause. Je repense à ces papiers récupérés dans la cave de Joëlle. Si je ne me trompe pas je ne devrais pas trouver de papiers bancaires pourtant j'ai peur de ce que je vais trouver. Je pense également à la journée de dimanche, moi qui vais toujours au marché aux puces, je ne suis pas si sûr que cela soit bien judicieux. Si je veux être fin prêt pour mercredi je dois passer du temps pour trier l'ensemble des documents mais aussi ne pas perdre de vue mon croque-morts. « Rien n'est plus dangereux que lorsque l'ignorance et l'intolérance sont armés de pouvoir. » Voltaire. Après réflexion je n'irai pas lundi. La raison ? J’aurai ainsi le temps de faire les photocopies des factures – au cas où il déchirerait ces dernières – et puis surtout les banques sont souvent fermées le lundi. Je suis sûr qu'il s'en servira comme d'un bon argument. J'aurai l'air con, obligé de rester sur place pour la nuit et pour rien ! Après réflexion je n'irai pas mardi. La raison ? Cela me donnera le temps de passer à ma banque et en expliquant ma situation – ce serait chouette de retomber sur la même personne à l'accueil – de voir comment réaliser un virement sans problème car il n'est pas question d'accepter un quelconque chèque. Après réflexion je n'irai peut-être pas mercredi non plus. La raison ? Je vais retourner voir l'avocat, et celui-ci n'est visible que ce jour-là de la semaine, et cette fois ci je ne parlerai que de surfacturation et ces fameuses factures à la main, en doubles exemplaires avec le même mandataire. Je vais devoir préparer une liste de questions. Ne jamais sous-estimer ses adversaires. Ça fait du boulot mine de rien. Je dois notamment demander à l'avocat quoi faire s'il déchire la facture. Dois-je accepter une facture rayée avec un nouveau prénom, peut-être avec un autre stylo ? Doit-il et peut-il faire la facture à l'identique ou seulement la partie que j'ai payée ? Existe-t-il une date après laquelle on ne peut plus rien ? Bref, les questions sont nombreuses. J'ai pensé également à peaufiner mon plan. J'espère que la première partie va fonctionner, à savoir une nouvelle facture à mon nom, car après je devrais me faire plaisir. Ai-je déjà parlé de cet homme humble, homme du peuple par excellence, parfois avec un air un peu maladroit et à l'imperméable froissé, le lieutenant Columbo ? Je m'explique. Après réception de la facture et mes remarques sur ces factures faites à la main nous nous dirigerons vers la sortie. Il ouvrira la porte. Je le remercierai en lui serrant la main. Je ferai un pas...Puis d'un coup je monterai ma main au niveau de ma tempe. « J'allais oublier, venez voir... ». Je prendrai la direction du canapé « ...Venez, j'ai un truc à vous montrer ! ». Il refermera la porte, étonné j'imagine et viendra. Entre temps, sur la table, les devis étalés. Cela ne vous fait penser à personne ? L'homme au cigare mâchouillé et son air débonnaire, ça serait bien si cela pouvait se passer ainsi. Pour l'heure j'ai décidé de rajouter dans mon sac, spécial pompes funèbres en recherche de véritables factures, une nouvelle carte de téléphone, du Xanax et une paire de lunettes. 3 Dimanche 27 mai. Log ( 1000 ) = 3 -----> 1000 = 10 10 Ma mère est morte il y a un peu plus d'un mois. Absent mon frère et ma nièce se sont occupés de tout. Nous avons reçu une assurance décès pour le financement de l'enterrement. On me dit la somme et je m'exécute. J'attends la facture mais rien ne vient. J'y vais. Il me fait deux factures manuelles. Confiant je repars. Plus tard je vois le même mandataire sur les deux factures. Entre temps je fais des devis et là le poteau rose. J'ai décidé de me faire un pense-bête pour ma rencontre avec l'avocat. J'ai répété dans ma tête, à nombreuses reprises, un résumé de cette aventure et à chaque fois c'était trop long. Alors j'ai écrit un court texte, du côté de la forme, j'y ai enlevé ma sœur pour que ceci paraisse plus simple et j'ai aussi ôté l'épisode du déménagement sauvage. Pour l'heure c'est ce représentant des pompes funèbres que je vise, que je cible. Après ce court texte qui devrait être mon introduction j'ai également prévu des questions et notamment en direction du notaire. La présence des trois possibles héritiers est-elle obligatoire ? Peut-il faire autrement si mon frère et ma nièce disent en chœur « on fait sans lui ». Sans oublier de préciser que c'est le notaire, là en l'occurrence, de mon frère. Dimanche je n'ai pas bougé de la maison, je me suis attaqué aux papiers de la mère. J'y ai passé plus de cinq heures, c'est un tel foutoir. J'ai commencé par le classeur. Rien. Uniquement des papiers en rapport avec l'EHPAD et le suivi de sa tutrice pendant ses deux dernières années. Après j'ai enchaîné par un premier carton...Jusqu'au dernier. J'ai jeté énormément de choses qui ne servaient à rien. Elle archivait par enveloppe. Parfois au sein de ses enveloppes on trouvait de tout, des publicités, des invitations voire des journaux... Au début j'ai jeté tout ce surplus et je me suis retrouvé avec des tas divers tels qu’eau, retraite, mutuelle, téléphone, loyer, AIMV... Je les ai classés même si je savais leur peu d’intérêt. Aucune trace de papier bancaire. Aucune trace de courrier me concernant hormis cette double feuille recopiée par la mère et qui me laissait sur le cul. Inimaginable ! Aucune trace de message que j'avais envoyé à ma mère, de lettre pour des occasions précises. « Même les souvenirs ça t'as une de ces gueules ». J'ai imaginé la scène de ce pillage. Angélique « J'ai pris une partie des cartons - sachant très bien ce qu'elle a pris – tu récupères le reste maman ? ». Je suis allé jeter deux grands sacs dans les poubelles. Il était près de seize heures, j'ai bu un café. J'ai hésité... Et puis je suis allé récupérer la sacoche. u , u' v – u v' ( --- ) = ----------- Dans la sacoche j'y ai découvert le parcours militaire puis professionnel du père. v v2 Je préfère ne pas en parler. Dans la sacoche j'y ai découvert les lettres envoyées soi-disant par mon frère mais écrite par ma mère pour décrocher un poste à la ville. On n'était pas loin du harcèlement. Ils écrivaient, enfin elle, aux élus, au Maire, et même au député, et cela chaque année, parfois même plusieurs fois. En bas de page on retrouvait l'écriture de mon frère à travers sa signature. Dans la sacoche j'y ai découvert toutes ses lettres où elle suppliait tel ou tel organisme de lui accorder ça ou-et ça et parfois de la dispenser de payer telle ou telle facture. C'était triste à mourir. J'ai pensé à Françoise. Dans la sacoche j'y ai découvert les premières fiches de paie d'Alain. Je suppose, sans risque de me tromper, que la mère, avait dû dire les avoir égarées. Alain savait bien sûr que tout ceci était faux mais la mère était ainsi. Parfois, souvent, elle prenait quelque chose, chez vous, de son propre chef bien évidemment et puis voilà, sans commentaire. Gentiment vous faisiez la remarque « Je n'arrive plus à mettre la main sur... ». Et elle vous regardait les yeux dans les yeux « Ah bon, j'étais pas au courant ». On savait, Alain et moi, que c'était faux mais de guerre lasse on laissait tomber. Je crois qu'elle devait en jouir. Et aujourd'hui c'est la petite fille qui demande à jouir. Je revois cette nièce, lors du tribunal, en train de me soutenir « Je n'ai jamais eu tes comptes en main, tu es fou ? » Et tout ça les yeux dans les yeux. Cela me rappelle quelqu’un, ou plutôt une. Aujourd'hui, n'est-ce pas elle qui possède tout ? 9 7 6 3 0 2 1 0 713 = 512 + 128 = 64 + 8 + 1 ---> = 2 + 2 + 2 + 2 + 2 ---> 1011001001 = 7.10 + 10 +3.10 Quand je pense à cette « meilleure amie », dixit Angélique, je persiste à penser qu'elle partage une chose oui, les gênes et là où il n'y a pas de gêne...Ensemble elles aiment mentir, voler, s’immiscer dans la vie des autres. « Voyez-moi ces superflus ! Ils acquièrent des richesses et n'en deviennent que plus pauvres -déclarait Nietzsche- Tous veulent accéder au trône ; C'est leur folie ; comme si le bonheur était sur le trône. » Envie de dire « ici, pas d'éducation et pas de morale ». « L'éducation est l'art de faire passer le conscient dans l'inconscient. » Gustave Le Bon. Tiens en parlant de vol j'en ai découvert un nouveau. A cause de vol commis, d'abord par ma mère puis le temps venu par la nièce et un des neveux j'ai appris encore de nouvelles révélations. Ils avaient récupéré dans ma boite aux lettres plusieurs courriers et notamment des documents médicaux. C'est ainsi que j'ai découvert que j'avais droit à une rente annuelle suite à un braquage. J'ai commencé la lecture de ce courrier mais le dossier étant très important je l'ai mis de côté pour y revenir plus tard. On parlait de la situation, d'une rente annuelle payée une fois l'an... Est-ce qu'une suite a été donnée ? Quelqu'un a signé pour moi ? Mais si je ne suis au courant de rien et si je n'ai accès à rien, dois-je considérer ceci comme une mise sous tutelle ? Je ne suis au courant de rien et pourtant je suis le principal intéressé ! « La chose la plus triste à propos de la trahison est qu'elle ne vient jamais d'ennemis, elle vient de ceux en qui vous avez le plus confiance. » XXXTentation. Enfin, dans la sacoche j'y ai découvert également un compartiment sur ma pomme. C'est de là que venait la double feuille écrite par la mère. J'y ai découvert...Non, je préfère ne pas en parler, l'Enfer ! Voilà, j'ai fini. Je jette ainsi près de deux tiers à la poubelle. Pour le reste, j'attends la suite des événements avant de jeter à nouveau. J'ai vu sur internet Étoile Filante écrire « Nos cicatrices sont la preuve que le passé n'était pas un rêve ». ------------------------------------------------------ Entre rêve et dure réalité ! Entendu à la radio. Une dame, une voix de bébé, elle a soixante-quatre ans. Il n'est pas loin de minuit, j'écoute Europe1. C'est la libre antenne. Un moment particulier, privilégié, à l'écoute des auditeurs. Ici, j'allais dire chacun vide son sac, son trop plein. Parfois ça parle des problèmes d'amour et puis parfois pas. Moi, les conseils conjugaux ce n'est pas trop mon truc mais parfois les cas sont bien plus graves. Je venais juste de changer de station quand je prends la discussion en route. « Vous savez, j'ai eu une vie très difficile. Mes parents étaient tous les deux alcooliques et... » Mais comment raconter ça ? Une mère qui buvait jusqu'à l’excès. Un père qui l'imitait en tout point. Personne pour travailler et des allocs pour nourrir les parents. Elle faisait partie d'une famille nombreuse. Et ce père qui très tôt abusait de ses filles. De cette pauvre fille notamment, on était propulsé aux temps de Victor avec une nouvelle version des misérables, en pire. Et cette mère qui ne disait rien. Et ce père qui abusait de sa fille, devant sa propre femme, avec des jeux sadiques. Mon Dieu ! Elle racontait. On la sentait à bout, perdue, en recherche quand même d'un hypothétique dialogue. « Dès que j'ai pris des formes on m'a proposé comme seul avenir la prostitution... ». Elle a raconté très longtemps, merci Europe1, merci Sophie, psychothérapeute et animatrice. C'était affreux, pas pensable, obligée de se nourrir par ses propres moyens, parfois avec l'aide des voisins. Un de ces derniers avait même fait un dépôt de plainte...il pensait vraiment l'aider. Des gens étaient venus interroger l'enfant...Mais la jeune fille avait eu peur... Une vie de …, non ce n'était pas une vie. Mais ici n'apparaît que la partie émergée de l'iceberg. Ça a été tellement loin. Sophie, véritable guide dans la nuit, l'a beaucoup aidée avec des conseils forts judicieux. Bien sûr qu'elle était sidérée – on ne peut pas s'habituer à la détresse humaine – Elle n'arrêtait pas de lui dire comment elle devait s'y prendre et comment mettre en pratique ses dires. Les auditeurs se sont mobilisés à travers de nombreux témoignages de soutien. C'est beau la radio la nuit, non ? Et je pense à Richard Bohringer. La jeune fille, âgée de soixante-quatre ans, a remercié les auditeurs, et puis Sophie. J'aimerais bien qu'elle revienne sur la radio, un autre jour ou une autre nuit. Mais je sais bien qu'il n'y a que peu de chance et puis j'ai arrêté cette dernière. Avant de m'endormir, ou du moins essayer, j'ai pensé à Christian Bobin « L'enfance n'a ni début ni fin. L'enfance est le milieu de tout ». « On n'a jamais l'âge de son enfance – précisait Philippe Bonnefis – Elle vient trop tôt et nous trop tard » Distance planète-soleil exprimée en unités astronomiques : L'unité astronomique (ua) = 149 597 870 700 m = 8,32 minutes-lumière. Mercure : 0,39 Venus : 0,72 Terre : 1 Mars : 1,52 Jupiter : 5,2 Saturne : 9,54 Le vilain petit canard 3/3 ...Personne ne le comprenait alors il partit « Je crois qu'il me sera plus avantageux de faire mon tour du monde. » Un soir que le soleil se couchait glorieux, toute une foule de grands oiseaux superbes sortit des buissons...Ils battaient des ailes et nagèrent sur l'eau. Il fut saisi d'une tristesse indicible. « Je veux aller les trouver, ces oiseaux royaux. Ils me tueront, pour avoir osé, moi, si vilain m'approcher d'eux, mais cela m'est égal... » Il s'élança dans l'eau. Mais que vit-il dans l'eau transparente ? Il vit sa propre image au-dessous de lui : « ce n'était plus un oiseau mal fait, d'un gris noir, vilain et dégoûtant, il était lui-même un cygne... » « La vie est un miroir dans lequel l'homme n'est jamais que le reflet de lui-même. » de Chamfort.

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