CHAPITRE 32

CHAPITRE 32. Vendredi 27 avril Première rencontre inattendue, dans un tramway, avec Joëlle...Je m'interroge. « Un homme déshonoré est pire qu'un homme mort. » Miguel de Cervantes. Contrairement à début avril j'ai plutôt tendance à aller à Saint Paul vraiment à reculons. Pour être tout à fait honnête je me demande si je ne viens pas de soulever un lièvre. Je me pose plein de questions. Je n'ai pas vraiment de réponse. J'avais dit à Angélique, lors de notre départ du cimetière, que je l'appellerai d'ici quelques jours. Ceci lui laisserait le temps de déménager et de s'installer. Avec son nouveau compagnon ils viennent de racheter une maison. Elle m'a montré des photos, la maison à l'air jolie et isolée dans la campagne. Si j'ai bien compris, avec ses frères et le reste de la famille, ils doivent se retrouver ce week-end pour ce fameux déménagement. Et Alain ? Moi, on ne m'a rien demandé. Je devrais la rencontrer pour avoir un maximum d'informations mais il y a aussi Joëlle. Je me demande qui je dois voir en premier. Je ne souhaite pas faire un seul et unique rendez-vous. Bon, je dois réfléchir et ceci assez rapidement mais pour l'heure je pars pour Saint Paul. J'ai fait ce que j'avais prévu, c'est à dire le minimum. Pour info : H = -Ep(x) log p(x) J'ai coupé l'herbe, mis en sac et jeté à la poubelle. Le ciel était bas, idéal pour les dépressifs. Il faisait froid et humide. A treize heures j'attendais de pied ferme le car avec plus d'une heure d'avance sur le programme. D'habitude je serais allé faire un tour dans l'église mais là je n'en ressentais aucune envie. Dans le car j'ai encore énormément réfléchi. « Que faire ? ». Pour ma part je ne vois que deux solutions. Soit je me tais pour toujours et à jamais soit je porte plainte. Enfin il existe quand même une autre solution, un arrangement. Ce que je voudrais surtout, c'est qu'Angélique arrête son hypocrisie. Elle me fait penser à ces hommes dont Nietzsche disait « Ils se pressent vers la lumière, non pour mieux voir, mais pour mieux briller. On considère volontiers comme une lumière celui devant qui l'on brille ». Souvent quand je pense à cette nièce je revois la phrase d'accroche de ce livre de la méthode. Descartes y écrivait « Le bon sens est la chose du monde-là mieux partagée : Car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n'ont point coutume d'en désirer plus qu'ils en ont » Si, ça, ce n'est pas une bonne phrase d'accroche... Quand je pense qu'un ancien ministre, ancien philosophe et ancien abonné au gaz et à l'électricité, se permettait de ne pas considérer cet homme. Ministre de l’Éducation...qui plus est ! De toute façon, le jour où le fond de l'air se voulait plutôt jaune, les tous débuts, et que je l'ai entendu dire, à propos de certains manifestants :« Parfois on doit utiliser la force pour rétablir l'ordre » j'ai compris qu'il n'était nullement philosophe. En plus comme si cela ne suffisait pas il parlait de la force, oui mais armée. En réalité, il n'était qu’un prof. « Ceux qui ont peur de travailler avec des adultes et qui trouvent leur bonheur avec les enfants » m'avait dit, un jour, une psychiatre. « Tu sais, quand on aime quelqu'un, on se fait toujours baiser, au sens propre comme au sens figuré. » Marie Vareille. Arrivé en ville je décide, non pas de prendre le bus habituel, mais de rejoindre une grande surface. En route je change d'avis et décide de rentrer. J'emprunte un tram. La porte s'ouvre. Presque en face, Joëlle discute avec une amie. Bien sûr que je ne peux qu'être surpris mais j'ai fait celui qui n'a rien vu, perdu dans ses pensées. Je me suis assis derrière elle, deux rangs plus loin. Elle était habillée comme le jour de l'enterrement. Avec une grande veste en laine blanche et bleue. Plus tard je me suis demandé si cette veste ne venait pas de la garde-robe de la mère. C'est fort probable...La veste en question était vraiment de belle facture, bien le style de la mère. Pas vraiment celle de ma sœur. Et par chance elle faisait la même taille. Pratique, non ? Une tête apparaît, c'est Joëlle. « Comment vas-tu ? Tu m'avais pas vu ? 2 -Non, excuse moi je pensais à autre chose ». x + 3 x – 5 = – 8 x + 1 Je lui parle d'Alain. De sa discrétion face à la mère depuis son mariage. Je lui demande combien de fois il venait ces dernières années. Elle me répond du tac au tac « Une fois l'an ». J'étais parti pour lui poser plein de questions mais déjà le terminus. Nous descendons ensemble du tramway. Je sais qu'elle n'est pas venue seule, d'ailleurs à peine descendue elle recherche cette personne. J'ai quand même le temps de lui dire que j'aimerais bien en parler avec elle, un jour où elle pourrait être disponible. Elle réfléchit « Pas la semaine prochaine à cause des ponts du mois de mai et en plus mon mari travaille du matin ». J'avais oublié qu'à l'image de Bernadette et Alain ils se veulent inséparables. Mais je respecte. Je me dis même que dans respect il y a la racine latine spec, re-gard. Respecter c'est regarder autrui, c'est faire attention loin de toute indifférence. Je reviens dans la discussion. « Donc la semaine d'après, tu pourrais les après-midis. Et si on disait jeudi ! -Oui, mais où ? -Et bien là où tu habites. -Ah non, j'ai déménagé depuis. Je suis revenue là où j'ai « élevé » mes enfants. -D'accord, je ne savais pas. Si tu veux on se retrouve près du parc de la Mairie ? -Bon d'accord mais on fait comment s'il pleut ? -S’il pleut, on arrête tout ». Je suis à bout d'arguments, je suis pris de court. Le principal c'est que le rendez-vous soit fixé. « La famille est un lest, jette-le et tu pars au ciel. » Almada Negreiros. 1 1 1 Formule Faulhaber : B2 = -----, B4 = -----, B6 = ----- ... 6 30 42 Elle retrouve son amie qui l'attendait en retrait, moi je fonce vers mon bus. En route je repense à ce dialogue. A aucun moment elle ne m'a proposé d'aller chez elle. Pourtant si je lui avais proposé de la rejoindre quel que soit la ville, avant ou après, cela pouvait supposer que j'étais véhiculé. Elle avait fait cas de rien. Bizarre, non ? Enfin peut-être. Je ne sais plus quoi penser. J'ai surtout hâte d'aller me coucher et de vérifier si « La sagesse suprême, c'est d'avoir des rêves assez grands pour ne pas les perdre du regard tandis qu'on les poursuit » comme le prétend William, Faulkner de son nom. Il y a du somnifère dans l'air. « La vie c'est comme une pièce de théâtre dont nous serions les acteurs et les autres, le public. Mais à la fin, on ne vient pas saluer. On meurt sur scène comme Molière » Philippe Geluck.

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