CHAPITRE 30
CHAPITRE 30.
Mardi 24 avril
Confirmation pour le notaire et la peur d'Alain.
J'ai du mal à y croire mais là je viens de battre un record. Je viens de dormir, d'affilée, près de sept heures. Cela me change de toutes ces nuits où ce sommeil stagnait entre deux et quatre heures.
Certes, j'ai toujours été un petit dormeur mais là c'était trop peu.
Je me lève avec l'esprit plus clair, cela me change. C'est la première journée où je me sens plus libre, au moins dans ma tête. Je me rends compte, par la même occasion, que depuis plus de six ans c'est la première fois que ces voix que j'avais constamment en moi se taisent.
Toute cette haine semble disparue. Pour toujours ? En tout cas pour l'instant et notamment depuis la journée de samedi et mon passage à l'église. Bien sûr je n'en déduis rien, simple contestation.
« Simple, basique », non ?
Je pense à Bossuet et « Ce bonheur humain composé de tant de pièces qu'il en manque toujours » ou encore à Joseph Joubert « L'espérance est un emprunt fait au bonheur ».
Ce matin j'ai décidé de me rendre à la médiathèque. Non pas pour consulter des livres ou autres revues mais pour avoir accès aux ordinateurs et donc à internet.
Hier, j'ai pris le temps de lire, ou relire, le courrier de la tutrice et notamment ce rendez-vous obligatoire avec un notaire avant la date du vingt-sept avril. Elle précise que « si rien n'est fait à cette date, un notaire commis d'office sera prévu ».
J'ai deux missions une fois à l'intérieur de la médiathèque.
Trouver des infos sur ces fameux notaires commis d'office et regarder les actes de décès non pas parus dans le journal mais enregistrés dans la ville.
Résultat : Quand on tape notaire commis d'office on tombe sur un site généraliste alambiqué à souhait un peu comme si ces derniers ne voulaient point trop communiquer. Ils veulent bien offrir leur service mais sans trop en dire. Pour eux le terme notaire commis d'office existe bien mais n'est jamais développé. C'est juste un intitulé.
Du côté de la Mairie, c'est le néant.
« Le néant après la mort ? S'interrogeait Arthur Schopenhauer, n'est-ce pas l'état auquel nous étions habitués avant la vie ? » Il y a aussi cette formule que j'apprécie et qui nous vient tout droit de Blaise Pascal « Qu'est-ce que l'homme dans la nature ? Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant : Un milieu entre rien et tout. »
En sortant de la médiathèque je me dis que j'aurais peut-être dû regarder dans les archives municipales ou départementales mais je n'en ai plus le courage.
J'ai décidé de ne rien faire de l'après-midi. Sur Arte un bon film est présenté.
Je termine cette petite journée par une page d'écriture.
« La lecture est importante. Si vous
savez lire, alors le monde entier
19 heures. La sonnerie du téléphone retentit. s'ouvre à vous. » Barack Obama.
« Allo, c'est l’Alain... »
Ça me fait plaisir que ce soit lui qui appelle. Il a plein de choses à me dire.
Il débute « Oui tu sais, la Joëlle, elle a fait le maximum. Elle a pris rendez-vous avec le notaire. Il doit nous écrire à chacun car on doit être tous présents. La Joëlle va me rappeler et après nous on t'appelle. Avec les ponts du mois de mai je pense qu'on doit partir sur début juin ». Là, je n'ai pas tout compris. On attend le feu vert de Joëlle ou du notaire ? Parfois, avec Alain c'est difficile. Il parle bien mais il y a toujours un mot sur lequel il va buter. Enfin, pas toujours.
Aujourd'hui, par exemple, il n'est pas arrivé à prononcer le mot tutrice. Il a tenté plusieurs prononciations, je me souviens notamment de « Tatrice » et quand il bute ainsi il s'énerve. C'est la seule fois d'ailleurs car mon frère est toujours zen. En réalité il s'énerve surtout face à lui-même, comme s'il s'en voulait. Le mieux c'est d'attendre, faire comme si de rien n'était.
Hélas, parfois, j'essaie de trouver le mot qu'il cherche et je crois que cela l'énerve d'autant plus.
Et puis parfois je suis plus cassant sans m'en rendre vraiment compte. Heureusement, là, je suis serein. Je pense à la dernière fois et ne souhaite nullement la même finalité, j'attends calmement.
Je reste persuadé, depuis l'enfance, que ceci marque une totale insécurité due aux relations parentales, ou les absences plutôt et, même si je n'en ai jamais parlé à personne et encore moins au principal intéressé, des conséquences de son opération.
Je change de sujet. Je lui parle du notaire commis d'office.
Il m'arrête aussitôt « Il faut bien mieux choisir le notaire de la Joëlle. Si l'on prenait un commis d'office on serait peut-être obligé de nous rendre dieu sait où. Et puis de toute façon, comme il travaille, Lui, il devra de toutes manières obligatoirement payer ».
On échange un instant sur le sujet mais je comprends vite que... K = k .k ,
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J'allais raccrocher quand Alain me surprit voire même me déstabilisa.
« On ne sait pas. Peut-être que la mère doit de l'argent. C'est peut-être bien ça que va nous dire le notaire ». Moi, je tombe des nues.
Je lui dis que la mère était quelqu'un de très vigilant, que ce n'était pas du tout son style.
Je ne sais plus si c'est Alain qui m'a mis sur la piste de l'EHPAD mais je pense à la tutrice.
Non, ceci me paraît impossible. Je ne suis pas d'accord.
Alain, plusieurs fois me dit « Moi, cela ne m'étonnerait pas ».
Je suis déçu. Je ne croyais pas qu'il pensait ceci. C'est là où je repense au terme totale insécurité.
A la fin, juste avant de raccrocher, ses craintes n'ont plus lieu d'être.
Elles ont été remplacées par des certitudes.
« Moi, j'en suis sûr ! Tu verras on sera obligé de payer ». Ça je ne l'avais pas prévu.
J'étais persuadé que sur ses différents comptes on n'allait pas trouver des mille mais au moins quelques certaines d'euros et que d'un commun accord nous les donnerions à Joëlle.
Je n'aurais jamais pensé à ça, et pour l'heure et pour être sincère, je n'y crois guère.
Je conclus « Bon restons en-là. On attend Joëlle, c'est le mieux ».
Parfois, je pense comme Cécile Guerard que « La mort est l'indicible qui nous laisse muets ».
Philippe Léotard chante pour moi dans « Demi-mots amers » :
« Madame on rêve seul, Madame.
Et puis l'on rêve trop, Madame.
Et puis l'on rêve tard, Madame.
On rêve et on est seul. »
« L'enfance est un secret, un coffre aux trésors dont nous gardons pour toujours la clé,
un rêve à rêver pour toujours...
L'enfance est ce tout petit supplément d'âme, cette petite flamme
que l'on garde en soi pour réchauffer son âme. »
Jean Pierre Guéno.
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V 2 V 2 2
La transformation d' Hadamard.
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