CHAPITRE 26
CHAPITRE 26.
Jeudi 19 avril
Comment bien payer sa part, sans y être vraiment invité.
Ce mercredi, il est quatre heures lorsque je me réveille, la nuit a été des plus courtes.
J'ai regardé la télévision jusqu'à plus d'une heure du matin, puis j'ai pris un somnifère. Je me suis endormi avec la vision de ma mère dans son cercueil. J'ai pensé plein de choses mais je ne peux l'écrire, un vrai enterrement de pauvre. J'allais dire, ça tombe bien, nous l'étions, mais je n'ai pas le cœur... J'ai vu sur la toile, un jeune rappeur du nom de Fianjo qui expliquait « Que les riches tuent le temps et le temps tue les pauvres »
« Nous parlons de tuer le temps, comme si hélas,
ce n'était pas lui qui nous tuait. » Alphonse Allais
En tout et pour tout j'ai fait un cycle complet de sommeil alors qu'il m'en faudrait au moins trois. Comme l'aurait dit Arthur Schopenhauer « On porte ses défauts comme on porte son corps, sans le sentir ». J'ai traîné toute la journée, parfois j'ai essayé de dormir, en vain. J'ai quand même pris la décision de me rendre à Saint Paul dès demain. J'ai prévu, outre de récupérer les papiers dans la voiture et cette fois ci de les lire, de réaliser également, au moins le début, d'une gouttière côté voisin. Ça va être nouveau. Comment cela va-t-il se passer ?
J'essaye de m'encourager avec les mots de Sénèque « Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas, c'est parce que nous n'osons pas qu'elles sont difficiles ».
A partir de dix-sept heures j'attends le coup de fil d' Alain. Je suis surpris, personne n’appelle.
16
1 x 4 x 10
D = ---------------- = 4,2 a.l.
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9, 467 x 10
Dans la nuit de mercredi à jeudi j'ai dormi l'équivalent de trois cycles de sommeil complet. Soit, au total, un peu plus de quatre heures trente.
C'est la sonnerie du téléphone qui en est la cause ; il fait office de réveil. Normal, pour être à l'heure il faut impérativement se lever, au plus tard, à six heures. Et surtout il ne faut pas traîner !
Je ferme la porte à six heures quarante-cinq et entre temps il faut refaire son lit, se laver, s'habiller, déjeuner, la petite et la grosse commission, faire son sac... Ne rien oublier. Par exemple un casse-croûte ou le thermos de café. Heureusement tout s'est très bien déroulé.
Je n'ai peut-être pas le moral mais je suis en route. Pendant le voyage je traîne avec moi une grosse nostalgie. Je ne sais pas si j'aurais le courage. L'échelle de plus de six mètres, les crochets, la perceuse, les vis, le niveau, un tasseau pour vérifier et tout le reste.
« Il faut toujours connaître les
limites du possible. Pas pour s'arrêter, mais pour tenter l'impossible... » Romain Gary.
J'arrive et retrouve ma voiture, il est un peu plus de neuf heures trente, congé scolaire oblige.
Un peu avant dix heures je me gare devant la maison. Par habitude, au moins depuis le mois de juillet, j'ouvre ma boite aux lettres. A l'intérieur une enveloppe avec dessus écrit : Urgent !
J’ouvre. C'est la tutrice qui annonce la fin de sa mission et nous demande par la même occasion de prendre rendez-vous avec un notaire. Je n'ai pas tout lu mais je n'ai rien compris.
Je referme l'enveloppe et dépose cette dernière sur le coté passager de la voiture, à côté de la grande enveloppe que je viens de lire enfin. Angélique avait raison, c'est du cinquante-cinquante.
Je me demande quand même comment elle a eu toutes ces informations mais je ne vais pas plus loin dans mes réflexions. Bon je commence par quoi ?
Je me demande si je ne vais pas repartir aussitôt et prendre le bus de midi.
Non, il fait trop beau, alors je me force. J'ai bien fait. Tout s'est très bien passé.
Et en plus pas de vent. Vu la hauteur, il ne faut prendre aucun risque. C'est le manque de crochets qui fait que je m'arrête vers les quatorze heures passées. Ce n’est peut-être pas plus mal, un mal pour un bien diraient certains, car durant toute la journée je n'ai réfléchi à rien d'autre que ma mission et parti ainsi je n'aurai pas vu l'après-midi avancer.
Et le bus partir sans moi... Marcher, danser, tomber, vieillir : la vie est
une succession de déséquilibres. » Karine Lambert.
Maintenant j'ai tout mon temps. Le temps de tout ranger, c'est toujours très long, mais c'est le prix pour retrouver ses outils sans les chercher pendant des heures, c'est l'expérience qui parle.
J'ai même le temps d'arroser les plantes et elles sont nombreuses.
Je ferme la maison, rejoins l'arrêt du car et attends.
Une dame qui attend également le car, discute avec moi. Elle me parle de tout et de rien.
J'écoute poliment. Parfois je dis un truc. Quand le téléphone sonne, je m'excuse et décroche.
« Allo, c'est l'Alain ». Pendant un instant je l'avais oublié.
C'est l'Alain. Cette façon d'appeler depuis toujours l’Alain, la Joëlle...C'est de famille. C'est, je crois, une vieille tradition paysanne. Autrefois, et encore aujourd'hui, on appelle les autres le Père bidule ou la Mère chose. Moi je n'ai jamais aimé cette façon de faire. J'ai toujours dit Alain, Joëlle ou Angélique. Avec le temps il n'y a que le père et la mère que j'appelle ainsi, l'article leur va si bien. Enfin ce n'est qu’un détail mais la vie n'est-elle pas qu’une suite de détails ?
« Ça y est, Bernadette a fait les photocopies ». Il m'explique plein de trucs et surtout régulièrement dans ses propos cette interrogation « Quand est-ce que tu penses passer ? »
Je suis pris au dépourvu. Le car n'est toujours pas là, j'avais oublié les vacances et un retard certain.
Rajoutez la correspondance plus le trajet jusqu'à lui. En effet, pour le rejoindre en bus je ne dois pas prendre le même bus que pour me rendre chez moi. Je calcule à vitesse grand V et lui dis « Je peux être là, aujourd'hui, mais pas avant dix-neuf heures trente voire quarante-cinq ».
J'entends qu'il interroge Bernadette. Je l'entends, elle donne son accord.
« D’accord mais pas plus tard. Tu sonnes et on viendra ». « A raconter ses maux,
Ai-je bien entendu ? Il a dit, enfin je crois, On viendra. Souvent on les soulage. »
Pierre Corneille.
dv
P ( ---- + v . V v ) = - V p + V . T + F <---------> Mouvement des fluides.
dt
Je suis dans le bus qui me mène chez mon frère. Je regarde l'heure. J'ai presque une demi-heure d'avance, au moins ils seront heureux. Je sonne.
Comme l'attente se veut assez longue je parcours « Le Canard enchaîné », au moins c'est rigolo.
Un article attire ma curiosité... quand ils me font face. C'est Bernadette qui prend la parole, elle m'explique. Elle me dit que pour l'assurance cela va hyper vite et pour la banque c'est idem. Je demande pour l'acte de décès, le fait que ce soit une copie.
Mon frère précise « Il ne regarde pas. Moi aussi j'ai donné une copie ».
Elle me remet les photocopies. Je les parcours un instant en leur compagnie. Elle me propose, si je le veux, d'envoyer mon chèque avec le sien. Je dis « oui ».
Je suis fatigué surtout. Je les remercie. Je rentre, enfin.
« L'objectif ce n'est pas d'être meilleur que l'autre – ce qui
n'a aucun intérêt - mais meilleur que soi »
. Albert jacquard.
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