chapitre 4

CHAPITRE 4 Samedi 14 avril (Début du deuxième acte) Il est sept heures quand j'attrape mon premier bus, direction la gare. Ma voiture est restée sur place. Il est sept heures quarante quand je grimpe dans l'autocar. Arrivée prévue vers neuf heures trente. Je finis, comme toujours, mon périple en voiture et gare mon véhicule devant chez moi. A peine arrivé je vois dépasser de la boite aux lettres une enveloppe style A4. Bizarre ! Il s'agit de la GMF, l'assurance de la maison. C'est la première fois qu'une enveloppe aussi imposante est là. D'habitude, pour ne pas dire toujours, c'est le format en dessous voire même la simple lettre traditionnelle. J'espère qu'ils ne vont pas m'informer d'une fin prochaine du contrat, on ne sait jamais. Je m'attends à tout et c'est en tout cas la première chose à laquelle je pense à cet instant. Bon, je sors l'enveloppe et la mets sur le siège passager de l'auto. Je lirai ceci plus tard, peut-être durant les près de quatre vingt dix minutes du trajet en autocar. En attendant je fonce à la boulangerie pour récupérer mes deux croissants, une habitude. Je pensais qu'il ferait quand même meilleur. Le ciel est bas, nuageux. Le terrain est très humide. Qu'importe je me change et sors le matériel dont j'ai besoin quand la pluie se met à tomber. En plus ce n'est pas qu'il fasse très froid, mais quand même. J'attends un instant mais la pluie ne s'arrête pas. J'hésite. Je dois installer une chaîne près du portail alors je le fais en espérant une météo plus clémente. « Au moins je suis à l'abri. » Mais la pluie semble s'installer dans la durée. Je décide de refaire une partie de l'escalier qui mène aux chambres. J'ai dû y passer environ une heure. Il fait de plus en plus froid, la pluie persiste. Je suis un peu déstabilisé. Je n'étais pas venu pour ça ! Je regarde l'heure, il est près de treize heures.Ni une ni deux je range les outils, me change et décide de prendre le bus de quatorze heures. La journée a été assez pourrie comme ça et puis j'arriverai chez moi vers un peu plus de seize heures au lieu de dix neuf heures passées. « Ne courez pas après le temps. --------------------------------------------------------------- Marcher au présent. » Je me gare en face de l'église, c'est mon coin. Je range mes affaires dans mon sac. L'horloge de l'église indique treize heures quinze. Je dois attendre presque une heure avant de retrouver l'autocar. Seule bonne nouvelle, la pluie s'est presque arrêtée. Parfois, quand je suis trop en avance je vais  « visiter » l'église. Je ne suis pas croyant mais il existe un certain calme que j'apprécie, d'autres parleront plutôt de sérénité, qu'importe. Souvent, je suis les différents chemins qui mènent à l'autel. Ils sont constitués d'énormes pierres d'époque. Je pense souvent à tous ces chrétiens, ou pas, qui au fil des siècles ont emprunté ces voies. Elles sont tellement usées, presque satinées. J'ai l'impression d'entendre Pierre Rabhi, juste à mes côtés « Les religions affirment que Dieu est omniscient, alors pourquoi a-t-il voulu tant de douleurs...Si nous sommes vraiment libres, comment se fait-il qu'on ne nous ait même pas consultés avant de nous faire exister ? » Je vais pour sortir du véhicule quand mon regard rencontre cette énorme enveloppe de la GMF. J' ai du temps. Sans réfléchir j'ouvre l'enveloppe. « La vie c'est comme un tour de magie. Quand on est enfant, on ne voit que le devant de la scène... Et puis on grandit. Peu à peu les coulisses se dévoilent, on réalise que c'est compliqué. C'est moins joli, c'est quand même parfois moche, on est déçu. Mais on continue quand même à s'émerveiller. » Virginie Grimaldi. Ermont, le 10 avril Cher Monsieur, Nous venons d'apprendre le décès de madame votre mère. Au nom de la GMF, je vous présente nos sincères condoléances. Je n'ai pas pu aller plus loin... J'ai remis la lettre dans l'enveloppe avec une brochure. J'étais sonné tel un boxeur, j'avais très mal. J'ai refermé la voiture, j'ai pris la direction de l'église. Je suis rentré. Je me suis arrêté au milieu de l'église, près d'un pilier. Ça a coulé tout seul, j'avais tellement mal. J'avais oublié que lorsque l'on pleure autant, ça coule des yeux bien sûr mais aussi du nez. J'avais plusieurs mouchoirs en papier, ils n'ont pas fait longtemps, j'avais tellement mal. Je me suis retourné, l'église était déserte. Ça ne s'arrêtait plus. J'ai continué à pleurer, j'avais tellement mal. J'ai revu cette vie, la nôtre. Pas toujours très belle, mais de tous mes souvenirs il n'en est resté qu'un. Je me suis revu enfant quand nous partions et qu'elle me prenait la main. Une main toujours chaude, protectrice, douce. Putain que ça fait mal, merde. « Hélas, la plupart du temps, nous sommes vides d'importants mais pleins d'inutiles. » Sophia Shérine Hut. J'ai quitté l'église. Il ne pleuvait plus, si à l'intérieur de moi. Mes pensées se heurtent comme la pluie sur une vitre, battante, prête à exploser à tout moment. J'ai attendu le bus, parfois ça coulait tout seul. Quand l'autocar est arrivé j'ai tout fait pour faire bonne figure. Pour la première fois j'ai demandé à descendre un arrêt avant le terminus pour prendre un nouveau bus et me rendre au cimetière. Je n'ai pas pleuré durant tout le trajet. ( a1 + a n ) S = n . ------------- , n 2 Théâtre ! ( suite et fin ) « Les feux de la rampe se sont éteints. / La foule est retournée chez elle. / Seul dans sa loge. / le cabotin se démaquille replie ses ailes / suspend son costume d'Arlequin / et d'un baiser fraternel / d'un signe de main / salue sa compagnie d'archanges aux traits tirés... Il joue sa vie / Il joue ses drames / Il joue ses rires et puis ses larmes / Mais qui est-il ? Nul ne le sait, pas même lui. Nul ne le saura mieux que lui. » Jacques Higelin. A SUIVRE...
Je ne suis pas croyant mais dans les églises il existe un certain calme que j'apprécie, d'autres parleront plus de sérénité, qu'importe. Souvent je suis les différents chemins qui mènent à l'autel. Ils sont constitués d'énormes pierres d'époque. Je pense souvent à tous ces chrétiens, ou pas, qui au fil des siècles ont emprunté ces voies. Elles sont tellement usées, presque satinées. Sur une des plaques, à l'intérieur de l'église, il est noté que ces allées ont été pavées en 1833. Bientôt deux siècles, diable !

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